Corée du Nord et Google MapMaker dans les médias

Depuis quelques jours, les médias* reprennent un à un la belle histoire de Google qui rendrait la Corée du Nord plus "transparente".

Que se passe-t-il ? Tout simplement Google a (un peu) rattrapé son énorme retard sur la cartographie de ce pays qui ressemblait à une feuille quasiment blanche.


Google MapMaker comparé à Wikipédia ?

A lire ces articles, Google MapMaker est comparé à wikipédia pour son côté participatif.

C'est oublier une différence fondamentale entre les services proposés par Google qui sont très éloignés des principes des projets libres et participatifs comme Wikipédia et OpenStreetMap. Oui des projets participatifs mais avant tout libres car ce qui est à l'origine des projets comme Wikipédia et de son alter-ego cartographique OpenStreetMap est avant tout la liberté donnée à chacun de contribuer bien sûr mais surtout d'utiliser et ré-utiliser les données du projet. Cela se manifeste par la licence choisie par ces différents projets (licence libre de type Creative-Commons "CC", ou Open Database License "ODbL"). Lire à ce sujet "Qu'est-ce qu'une licence libre ?"

Google de son côté propose des services, qui permettent effectivement aux internautes de collaborer en fournissant des données à Google, mais ce dernier en sera le seul et unique propriétaire. Google ne compte les partager qu'en fournissant des services et jamais un accès aux données sans lesquels ces services ne pourraient exister (histoire de ne pas favoriser de concurrence).

Impossible en effet d'utiliser ces données pour en faire autre chose que Google n'a pas prévu ou n'a pas autorisé de faire**. Aucune liberté dans tout cela, juste l'exploitation de données fournies en toute bonne volonté mais souvent sans véritable connaissance de cause par des internautes qui ne sont pas prêts à passer une heure à lire et comprendre les conditions d'utilisation des services de Google.

 

Du participatif "Canady Dry"...

Google MapMaker c'est une sorte de version "Canada Dry" de projet participatif, ça ressemble à du participatif, mais c'est bel et bien bien un projet privatif car privatif de liberté.

Pourquoi les médias oublient-ils le projet libre et participatif OpenStreetMap ?

OpenStreetMap permet à tous de participer et de ré-utiliser les données collectées par l'ensemble des contributeurs.

  • Vous souhaiter faire une étude de mobilité "douce" sur une zone qui va être réaménagée ? OpenStreetMap le permet, Google non.
  • Vous souhaitez déveloper un calculateur d'itinéraires spécialisé pour le transport de fret ou les personnes se déplaçant en fauteuil roulant ? OpenStreetMap le permet, Google non

Ce qui permet ces usages avec OpenStreetMap c'est la liberté d'accès aux données brutes et la licence qui permet à tous d'utiliser ces données y compris de manière commerciale.

De plus OpenStreetMap n'a pas de considération commerciale dans son développement ce qui permet de prendre en compte de nombreuses informations sans valeur marchande mais à forte valeur pour certaines catégories de citoyens. L'accessibilité des lieux publics aux personnes handicapées (voir le projet wheelmap), la richesse de détails sur les itinéraires cyclables sont deux exemples parmi d'autres de ces données utiles mais sans grande valeur marchande.

 

Pyongyang enfin présent sur la carte Google !

Les médias découvrent que la carte Google de Pyongyang s'est enrichie.
Effectivement, c'est nettement mieux qu'il y a encore quelques semaines, mais encore loin des détails présents depuis longtemps sur OpenStreetMap.

La comparaison est pourtant facile à faire (il suffit de cliquer sur l'image ci-dessous) :

Carte de gauche ©OpenStreetMap licence ODbL 1.0 - carte de droite ©Google

La richesse des détails est bien visible et l'énorme différence c'est que bien entendu toutes les données brutes servant à produire la carte OpenStreetMap située à gauche sont disponibles sous licence libre.

D'autres lieux sont intéressants à comparer à l'aide de ce même outil... par exemple Sarajevo (ci-dessous), Gaza ou certaines régions d'Afrique ou de Russie...

Carte de gauche ©OpenStreetMap licence ODbL 1.0 - carte de droite ©Google

 

Voir aussi:

* AFP, Le Monde (+ blog), le Wall Street Journal, le Washington Post, CNN pour n'en citer que quelque-uns

** après lecture de l'article 2 "Restrictions d'utilisation" des conditions d'utilisation de Google Maps, on se demande ce qu'on a encore le droit de faire !
La copie d'écran du plan d'accès à votre resto préféré ou à tel lieu de réunion est-elle légale ? Il y a fort à parier que non.


Commentaires

Article intéressant ! Je me demandais pourquoi la légende des images comportait le copyright (©) associé à OpenStreetMap. Quelle nécessité alors que les données OSM sont sous licence libre ODbL ? Je dois mélanger des choses. Si quelqu'un a une explication, je suis preneur...
Portrait de webmaster

Il ne faut pas confondre licence libre et domaine public. Les données du projet OSM sont bien sous licence ODbL (donc libre) et cela impose 2 choses: cite OSM comme source de l'information et conserver les données OSM sous une licence libre. Dans un monde où le copyright est roi, le meilleur moyen c'est de l'indiquer par ce ©...